Cela sous-entend un consensus suffisant entre le commanditaire (l’institution) et l’intervenant, mais aussi entre, donc, les responsables hiérarchiques et les professionnels sur leur participation à un groupe d’Analyse de la Pratique. « Alors l’institution s’efface, les deux partenaires réels sont le groupe et l’animateur, il y a place pour un tiers symbolique et pour la règle »[1]. Il est donc très important de bien faire la distinction entre l’Analyse Clinique et l’Analyse de la Pratique, afin de bien vérifier que c’est bien la demande de l’institution et qu’elle est bien acceptable par les professionnels.
Pour l’IAPL le terme d’Analyse clinique (appelé parfois analyse de situation ou étude de cas) fait référence à une personne accueillie par l’institution sur laquelle l’ensemble des professionnels concernés va porter son attention et faire part de son expertise propre à sa compétence professionnelle. Il s’agit de réfléchir à la meilleure façon d’être aidant, individuellement et collectivement vis-à-vis de la personne concernée. Des pistes de travail sont ainsi définies et lors des séances suivantes, un bilan peut en être tiré et des ajustements proposés.
Pour l’IAPL, L’Analyse de la Pratique a un autre objet. Elle s’inscrit dans la droite ligne des groupes BALINT[2], Il s’agit alors de venir s’interroger sur la nature du lien entre le professionnel qui raconte une situation et le ou les autres personnages présents dans l’histoire racontée. On va s’intéresser à ce que le narrateur(trice) a vécu, quelles émotions le professionnel a ressenti et quelles hypothèses on peut faire sur ce qui c’est joué dans la relation. On voit bien, à l’évidence, que ce travail est beaucoup plus impliquant, car il ne laisse plus le professionnel dans l’ombre rassurante de l’expertise de l’autre. C’est pourquoi, il nous semble important de pouvoir se référer à un dispositif clair vis-à-vis de l’institution et du groupe et de proposer un outil de médiation qui permette réellement de travailler la position contre-transférentielle du (de la) narrateur (trice) tout en les protégeant des interprétations sauvages et des mouvements
projectifs des autres participants (et parfois aussi de l’intervenant !). C’est tout l’intérêt de l’Analyse de la Pratique avec le Déplacement dans l’Imaginaire (APDI).
[1] P. FUSTIER, De l’existence du groupe clinique a l’intérieur de l’institution, in « Se former ou se soigner », Les publications du centre de recherche sur les inadaptations, université Lyon 2, p 106
[2] M. BALINT(1957), « le médecin, son malade et la maladie », Paris, PAYOT,1961.